Zero


 

  1. H. — Le principe de la boucle, que l’on retrouve dans le montage des images et dans les bandes sonores de vos films, semble favoriser le passage entre le divertissement, en rappelant la ritournelle, et le monde des fluides, dont la boucle suggère la mécanique.

 

  1. C. — En effet, la boucle est un principe clef introduit par Erik Satie pour Entr’acte. S’y rattachent plusieurs phénomènes comme le recyclage de l’image par autogénérescence, ou d’autres, que j’ai déjà évoqués : le pouvoir hypnotique de l’image, l’ellipse, l’épilepsie, la picnolepsie, ou encore l’état de veille, tous liés à l’absence et aux temps aveugles dans la narration et la vision. (…) Dans le film Zéro, le son est conçu comme s’il était le moteur des images. Prises dans un processus de ralentissement, elles se construisent peu à peu au rythme d’un cycle de trois boucles sonores qui se renouvellent progressivement. Le mouvement perpétuel — l’éternel retour — est pour moi une manière de conjurer l’inquiétude de l’immobilité, et d’une certaine manière, celle de la stérilité. (…)

 

Extrait de l’entretien de Régine Cirotteau avec Emmanuel Hermange, livre monographique Liquid City, Filigranes éditions & le Centre des Arts d’Enghien-les-Bains.

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